"Caligula" et "Néron" (j'ai aussi lu Tibère en bonus), extraits de :
Vie des Douze Césars, Suétone
Du latin ! Des empereurs romains ! Enfin, quelque chose qui me parle vraiment.
Me voilà donc, heureuse d'être finalement venue à bout de Stendhal, sortant fièrement de mon sac mon édition bilingue de "Tibère - Caligula". Première surprise : c'est court. Gros avantage aussi : je peux refaire le mot à mot quand je veux, ce qui me fait un peu bosser le latin. Au final, je ne le ferais que pour la première page de chaque récit, mais le coeur y est ^w^
L'année dernière, j'ai surtout étudié Tacite, les Annales, qui m'avaient beaucoup plu (on avait plus précisément vu la partie où Néron tente de venir à bout de sa mère, c'est très drôle, il faudra que j'en reparle tiens). J'aimais beaucoup le style à la fois très concis (il ne met pas de mots là où il peut ne pas en mettre, tout est très sous-entendu) et très précis de l'auteur.
Suétone, c'est autre chose. Suétone, comme dirait ma mère, c'est un peu le "Voici" de l'époque. Il fonctionne plus par petites anecdotes (qui souvent font froid dans le dos) afin de donner un portrait d'ensemble.
Ces portraits sont, pour les trois que j'ai lus, structurés de la même manière : tout d'abord l'auteur nous retrace l'historique de la famille, jusqu'à ce qu'on arrive au principal concerné. Puis il explique (pas très précisément d'ailleurs) comment il est arrivé au pouvoir, avant de faire la liste de toutes les bonnes choses qu'il a faites. Après cela, il passe aux défauts et aux ignominies (vocabulaire, quand je te tiens *o*) commises par l'empereur, souvent des plus sordides (vocabulaire, bis *o*). D'un ton égal, il cite tous les supplices infligéd, tous les vices de l'homme. Après quoi, on passe à sa mort, puis à un portrait physique.
Suétone n'est pas insensible à toutes les horreurs qu'il raconte, du moins, je ne le pense pas. Il essaye véritablement de donner un portrait concret. Mais au final, toutes ces petites anecdotes ne restent pas aussi précises que lorsque Tacite décrit la même période.
Par exemple, il passe très rapidement sur les moyens que Néron employa pour tenter d'assassiner sa mère, surtout sur les plus cruels, sans vraiment rendre aussi bien les raisons et l'état d'esprit de l'empereur que le faisait Tacite. Il omet le rôle d'Anicetus, et impute à Néron seul l'idée du faux naufrage. Anicetus lui-même ne sera cité que plus tard.
De même, le complot de Pison est signalé, mais juste pour énumérer les supplices infligés aux conspirateurs. Sénèque d'ailleurs n'y est pas cité (en fait, si, mais plus tôt, et pas en tant que participant à ce complot).
Je suis sans doute biaisée parce que j'ai lu Tacite d'abord, mais je ne peux m'empêcher de le préférer à Suétone. Certes, il y a de la recherche, il y a de la structure, et nul doute que le style est loin d'être mauvais. Mais il y manque (oui, je me répète) une certaine précision selon moi, le portrait n'est pas si bien rendu.
Quand je dis "précision", il ne s'agît pas de relater tous les faits et gestes, mais plutôt de bien préciser le rôle de chacun et ses raisons au lieu de tout imputer à une folie unique et inexplicable.
Prochainement : La Princesse de Clèves
Vie des Douze Césars, Suétone
Du latin ! Des empereurs romains ! Enfin, quelque chose qui me parle vraiment.
Me voilà donc, heureuse d'être finalement venue à bout de Stendhal, sortant fièrement de mon sac mon édition bilingue de "Tibère - Caligula". Première surprise : c'est court. Gros avantage aussi : je peux refaire le mot à mot quand je veux, ce qui me fait un peu bosser le latin. Au final, je ne le ferais que pour la première page de chaque récit, mais le coeur y est ^w^
L'année dernière, j'ai surtout étudié Tacite, les Annales, qui m'avaient beaucoup plu (on avait plus précisément vu la partie où Néron tente de venir à bout de sa mère, c'est très drôle, il faudra que j'en reparle tiens). J'aimais beaucoup le style à la fois très concis (il ne met pas de mots là où il peut ne pas en mettre, tout est très sous-entendu) et très précis de l'auteur.
Suétone, c'est autre chose. Suétone, comme dirait ma mère, c'est un peu le "Voici" de l'époque. Il fonctionne plus par petites anecdotes (qui souvent font froid dans le dos) afin de donner un portrait d'ensemble.
Ces portraits sont, pour les trois que j'ai lus, structurés de la même manière : tout d'abord l'auteur nous retrace l'historique de la famille, jusqu'à ce qu'on arrive au principal concerné. Puis il explique (pas très précisément d'ailleurs) comment il est arrivé au pouvoir, avant de faire la liste de toutes les bonnes choses qu'il a faites. Après cela, il passe aux défauts et aux ignominies (vocabulaire, quand je te tiens *o*) commises par l'empereur, souvent des plus sordides (vocabulaire, bis *o*). D'un ton égal, il cite tous les supplices infligéd, tous les vices de l'homme. Après quoi, on passe à sa mort, puis à un portrait physique.
Suétone n'est pas insensible à toutes les horreurs qu'il raconte, du moins, je ne le pense pas. Il essaye véritablement de donner un portrait concret. Mais au final, toutes ces petites anecdotes ne restent pas aussi précises que lorsque Tacite décrit la même période.
Par exemple, il passe très rapidement sur les moyens que Néron employa pour tenter d'assassiner sa mère, surtout sur les plus cruels, sans vraiment rendre aussi bien les raisons et l'état d'esprit de l'empereur que le faisait Tacite. Il omet le rôle d'Anicetus, et impute à Néron seul l'idée du faux naufrage. Anicetus lui-même ne sera cité que plus tard.
De même, le complot de Pison est signalé, mais juste pour énumérer les supplices infligés aux conspirateurs. Sénèque d'ailleurs n'y est pas cité (en fait, si, mais plus tôt, et pas en tant que participant à ce complot).
Je suis sans doute biaisée parce que j'ai lu Tacite d'abord, mais je ne peux m'empêcher de le préférer à Suétone. Certes, il y a de la recherche, il y a de la structure, et nul doute que le style est loin d'être mauvais. Mais il y manque (oui, je me répète) une certaine précision selon moi, le portrait n'est pas si bien rendu.
Quand je dis "précision", il ne s'agît pas de relater tous les faits et gestes, mais plutôt de bien préciser le rôle de chacun et ses raisons au lieu de tout imputer à une folie unique et inexplicable.
Prochainement : La Princesse de Clèves